Le 15 avril dernier, deux jours avant l’allocution présidentielle, j’écrivais : « Parce que le pouvoir d’État est incapable d’humour, soyons inventifs et créatifs pour mettre les rieurs de notre côté. Toute initiative publique qui vise à tourner en dérision le pouvoir d’État sera la bienvenue. Il s’agit de montrer que ce pouvoir tourne désormais à vide, sans soutien, sans complice, sans sujets qui consentent à leur servitude volontaire. Cette insurrection pacifique pourrait offrir l’espérance d’un printemps de tous les possibles, sans haine, sans arme, sans violence, avec pourquoi pas une belle explosion de fraternité et de solidarité populaires, annonciatrice de jours enfin meilleurs. »
Depuis, est apparu le mouvement des « casserolades » qui a commencé le soir de l’intervention télévisée du président de la République et qui s’invite à chaque déplacement ministériel ou présidentiel. Je voudrais souligner en quoi cette démarche est profondément subversive et que son impact risque bien d’être plus important que les trois mois de manifestations et de grèves que nous avons vécus. Dans l’article cité plus haut, je plaidais pour des initiatives collectives non-violentes visant à délégitimer le gouvernement et le président de la République. Nous y sommes. Face au mépris et à la surdité volontaires du pouvoir, il convient en effet d’opposer toute la force tranquille et déterminée du peuple, qui uni, ne peut jamais être vaincu…