Michel BOUFFIEUX
20/06/2020
Interview de Kalvin SOIRESSE : « Le racisme est nourri par des préjugés et des stéréotypes qui ont été construits par la propagande coloniale. Il faut enfin regarder l’histoire droit dans les yeux, comprendre à quel point le passé influence le présent », dit le parlementaire bruxellois Kalvin Soiresse (Ecolo). Les blessures de la colonisation sont importantes. Elles se sont aggravées parce la Belgique ne les a jamais vraiment soignées. L’espace public est truffé d’hommages à des figures coloniales bien plus célébrées, ici par des noms de rues, là par des bustes et des statues, que celles de résistants qui donnèrent leur vie pour la Belgique durant la Seconde Guerre mondiale, que celles de militants pour la paix ou encore de personnages portant des valeurs de concorde, de vivre ensemble. Les Congolais massacrés, exploités, racisés, humiliés ? Aucun monument ne leur demande pardon. Dans le climat tempéré de la Belgique, l’histoire des crimes qui ont été commis a été le plus souvent dite du bout des lèvres. Mais comment croit-on que l’on puisse raconter des millions de morts en chuchotant ? Le climat est tendu. La colère monte, partagée dans des couches de plus en plus larges de la population, surtout chez les jeunes, qui ne supportent plus cette chape de plomb sur un passé qui ne passe pas. A Bruxelles, la majorité affirme vouloir décoloniser l’espace public. Au fédéral, une commission d’enquête « vérité et réconciliation » sera bientôt mise sur pied. Effets d’annonce à à la suite de la grande manifestation « Black Lives Matter » et à quelques jours des célébrations liées au 60e anniversaire de l’indépendance du Congo ou véritable tournant politique ? Lire l’article publié sur le site Paris Match