Par Frédérique Damai.
Brutalité, mieux que violence.
Il est plus courant d’utiliser le terme de violence que celui de brutalité. Pourtant, la polysémie du mot violence sème le trouble et fournit des arguments factices à ceux qui dénigrent la non-violence. En effet, la violence décrit tout aussi bien des actes commis contre des personnes, volontairement ou non, que des débordements et des manifestations à l’encontre d’objets, ou encore des expressions verbales « à la cantonade », voire des violences contre soi-même et de nombreux autres explosions. Elle décrit des phénomènes extrêmes qui peuvent n’avoir aucun rapport les uns avec les autres. Par exemple, quel rapport existe-t-il entre un chapelet de jurons débité à 120 dB après s’être coincé un doigt dans une porte et le fait de frapper quelqu’un pour la même raison ? Il s’agit dans les deux cas de réactions violentes générées par une douleur intense, mais dont les conséquences sont sans commune mesure. S’il est légitime de lutter contre cette seconde forme de manifestation violente (agression brutale d’une personne), en revanche, lutter contre la première forme (décharge émotionnelle sans victime) équivaudrait à refuser toute expression de ses affects à l’être humain.