Héloïse JUNIER
01/03/2016
Une vague éducative d’un nouveau genre émerge, rejetant aussi bien l’autoritarisme que le laxisme. Mardi, 19 h 30. Mathéo, 3 ans, refuse de manger l’assiette de légumes que sa mère a mis un temps fou à lui concocter. Le ton monte. Plus sa mère insiste, nerveuse, plus l’enfant rechigne et se raidit. Le père intervient, il élève la voix, sermonne son fils, le prive de dessert et le menace de l’envoyer au lit s’il n’obéit pas. Mathéo pleure puis, à son tour, se met à crier. Excédé, son père lui donne une fessée assortie d’un « Ça t’apprendra à faire des caprices ! Tu es un méchant garçon. » Sidéré, Mathéo baisse la tête et ne dit plus un mot, tandis que ses parents achèvent leur repas… dans le silence. En l’espace d’une dizaine de minutes, les parents de Mathéo ont pratiqué l’humiliation, la menace, la punition et la fessée. Autant de choses qu’ils n’auraient pas le droit, sur le plan juridique, de faire subir à un adulte. La grande majorité des chercheurs en neurosciences les considèrent aujourd’hui comme des maltraitances émotionnelles et physiques, néfastes pour le bon développement intellectuel et affectif de l’enfant (1). La tentative d’une loi anti fessée, en 2009, sous l’impulsion de la députée de Paris Edwige Antier, atteste de ces nouvelles aspirations. Entre autoritarisme et laxisme, une pratique éducative intermédiaire, non violente et respectueuse des besoins de l’enfant comme de ceux de ses parents, est-elle réellement envisageable ou délibérément utopique ? Lire l’article publié dans le n° 279 de Sciences Humaines