« L’histoire n’est pas le lieu de la félicité. Les périodes de bonheur y sont des pages blanches » (Hegel)
L’idée selon laquelle l’ accouchement de l’histoire ne s’est jamais fait sans douleur est hégélienne avant d’être léniniste, même si la formule se trouve dans le Capital.
(Live I, chapitre 24). A y regarder de plus près, la thèse de l’inéluctabilité de la violence comme moteur de l’histoire ne fut pas développée par Marx et Engels mais par les grands leaders révolutionnaires au XX siècle – on pense au fameux aphorisme de Mao Zedung.
« La révolution n’est point un dîner de gala, ce n’est pas comme si on écrivait un essai, peignait un tableau ou brodait une fleur. Elle ne peut s’accomplir avec autant de raffinement, d’aisance et d’élégance, avec autant de douceur, de calme, de respect, de modestie et de déférence. Une révolution est une insurrection, l’acte de violence par lequel une classe renverse le pouvoir d’une autre classe»[Mao Zedong, Rapport sur l’enquête menée dans le Hunan à propos du mouvement paysan, mars 1927].
Quoi qu’il en soit, la conviction suivant laquelle les insurrections ou les révolutions non-violentes n’ont aucune chance d’aboutir reste solidement ancrée dans la conscience collective, tout particulièrement en France. C’est dire à quel point la publication de l’ouvrage de Erica Chenoweth et Marie J. Stephan, préfacé par Jacques Sémelin, dix ans après sa parution aux USA, est aujourd’hui une excellente nouvelle.