Caroline Guibet Lafaye
Depuis les années soixante, l’Occident a connu d’importantes vagues de protestations sociales, ouvrières ou raciales, symbolisées par Mai 68. Elles ont conduit parfois à la constitution de groupes qui ont embrassé la violence, voire la lutte armée, dans la décennie suivante. Ce dossier envisage cette radicalisation sous deux angles. D’abord, comment les auteurs de violences radicales légitiment-ils leurs pratiques grâce à leurs interprétations du juste et à leur sentiment d’injustice ? Trois études de cas, l’indigénisme en Bolivie, l’ETA en Espagne et l’anarchisme en Grèce, analysent leurs productions normatives et leurs discours de justification. Des commentaires de sources – presse, affiche, enregistrement audio, bande dessinée et vidéo – élargissent la perspective aux violences radicales en France, Italie et aux États-Unis. Ensuite, la présentation d’une vaste enquête sur les violences militantes commises en France depuis les années quatre-vingt, illustrée par l’exemple du néo-nazisme, donne des pistes sur les démarches innovantes mises en œuvre pour saisir un phénomène qui, des mobilisations altermondialistes lors des G8 au carnage d’Utoya en Norvège, est toujours d’actualité.
Presses Universitaires Rennes, 2018
Caroline Guibet Lafaye, directrice de recherche au CNRS, Centre Émile-Durkheim.