Hugo COSSETTE-LEFEBVRE
19/09/2020
Une émeute est le langage de ceux et celles que l’on n’entend pas. » Ces paroles, prononcées par Martin Luther King en 1968 à l’Ohio Northern University, résonnent fortement aujourd’hui alors que les États-Unis sont le théâtre d’un mouvement social dénonçant les inégalités raciales inédit depuis les années 1960. Des émeutes ont éclaté tout au long de l’été dans de nombreuses villes américaines, dont Portland, Seattle, Washington, Jacksonville, Boston et Minneapolis pour n’en nommer que quelques-unes. Depuis mai dernier, on recense environ 220 émeutes ou événements « violents »liés aux manifestations de Black Lives Matter qui s’ajoutent à près de 2400 manifestations pacifiques. Ce mouvement force les États-Unis ainsi que d’autres nations, dont le Québec et le Canada, à examiner leurs biais systémiques qui affectent profondément les membres de la communauté noire. Bien que ce mouvement soit massivement pacifique, 93 % des manifestations qui y sont liées s’étant déroulées sans activités destructrices ou « violentes », il a soulevé la question de savoir si les émeutes, ainsi que les dommages matériels et corporels qui les accompagnent, sont parfois justifiables en démocratie. Martin Luther King lui-même demeure ambigu sur cette question dans ses écrits et discours. S’il semble maintenir que les émeutes sont compréhensibles et excusables, comme l’illustre la citation en début de texte, il ne se prononce jamais explicitement sur la question de savoir si elles sont justifiables en démocratie. De surcroît, son insistance sur l’importance de la non-violence dans les mouvements sociaux pourrait laisser entendre que les émeutes et les violences qui les accompagnent devraient être critiquées. Lire l’article publié sur le site LeDevoir