Yao Séraphin KOUAME
26/09/2020
C’est connu : les Ivoirien(ne)s aiment les nouveaux mots. Il n’est donc pas étonnant que le terme de désobéissance civile, employé par SEM Henri Konan Bédié, lors de la rencontre de l’opposition significative du dimanche 20 septembre 2020, ait immédiatement fait le buzz sur les réseaux sociaux et soit actuellement sur toutes les lèvres. Mais à entendre ou à lire les railleries, quolibets et sarcasmes des habitants de la case, on comprend qu’une explication du concept serait la bienvenue. Je me propose, ici, de définir le concept, de préciser ses traits caractéristiques et d’en donner des exemples précis tirés de son histoire.
Qu’est-ce que désobéissance civile?
Si la paternité du terme est attribuée au philosophe américain Henry David Thoreau, qui l’a conceptualisé dans un essai éponyme paru en 1849, les philosophes John Rawls et Jürgen Habermas en demeurent les références définitionnelles. Dans La Théorie de la Justice (1971) John Rawls (1921-2002) définit la désobéissance civile comme « un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. En agissant ainsi, on s’adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté et on déclare que, selon une opinion mûrement réfléchie, les principes de coopération sociale entre des êtres libres et égaux ne sont pas actuellement respectés ». Pour Jürgen Habermas : « La désobéissance civile inclut des actes illégaux, généralement dus à leurs auteurs collectifs, définis à la fois par leur caractère public et symbolique et par le fait d’avoir des principes, actes qui comportent en premier lieu des moyens de protestation non violents et qui appellent à la capacité de raisonner et au sens de la justice du peuple. » Lire l’article publié sur le site Afrik Soir