par Ramin Jahanbegloo.
Martin Luther King, Jr. est sans conteste la plus grande personnalité américaine du xxe siècle. Pasteur baptiste d’une grande complexité et d’une immense profondeur intellectuelle, King a aussi été un penseur politique méthodique. Ses réflexions sur la non-violence et son combat contre la ségrégation et les inégalités aux États-Unis ont influé sur des générations de penseurs et d’activistes non-violents. Au moment de son assassinat, le 4 avril 1968, Martin Luther King Jr. a été salué par le New York Times comme « le chef de file de millions de personnes qui luttent de manière non-violente pour la justice sociale » [1][1]Voir nécrologie par M. Schumach, The New York Times, 5 avril…. À ce titre, il est encore largement considéré à travers le monde comme le Gandhi américain qui, grâce à sa méthode d’action non-violente, est parvenu à éveiller la conscience de la nation américaine sur les maux du racisme et de la pauvreté et à préparer la promulgation de la loi historique sur les droits civiques. Sans la stratégie originale adoptée par King en matière d’action non-violente, Barack Obama ne serait pas devenu le premier président noir des États-Unis. Dans cette mesure, le rêve de Martin Luther King d’une « communauté bien-aimée » (beloved community) ont alimenté depuis cinquante ans le concept de rêve américain. King a attiré l’attention de son pays natal et du monde entier sur la manière dont notre existence quotidienne dépendait de la construction sociale de ce qu’il appelait a world house, une demeure universelle.