Salvatore Puledda. Le Nouvel humanisme.
Interprétations de l’humanisme
« … Silo[1] explique que l’être humain, avant de se mettre à penser à ses origines ou à son destin, etc., se trouve dans une situation de vie déterminée. Situation qu’il n’a pas choisie. Ainsi, il naît immergé dans un monde naturel et aussi social, rempli d’agressions physiques et mentales, qu’il ressent comme douleur et souffrance[2]. Et il se mobilise contre les facteurs agressifs, afin de dépasser la douleur et la souffrance. À la différence des autres espèces, l’espèce humaine est capable d’amplifier ses possibilités corporelles au moyen de la production et de l’utilisation d’instruments, de prothèses (étymologiquement : pro = devant et thesis = action de poser). C’est ainsi que, dans son activité contre les facteurs de douleur, il produit des objets et des signes qui s’intègrent à la société et se transmettent historiquement. La production organise la société et, en continuelle réalimentation, la société organise la production. Il ne s’agit pas, bien entendu, du monde social et naturel des insectes, qui transmettent leur expérience génétiquement. Nous parlons d’un monde social qui modifie l’état naturel et animal de l’être humain. Et c’est dans ce monde que naît chaque être humain : un monde naturel dont le corps fait partie, et un monde non naturel, mais social et historique. C’est-à-dire un monde de production – d’objets, de signes –, nettement humain. Un monde humain dans lequel tout ce qui est produit est chargé de signification, d’intention, de pourquoi. Et cette intention est lancée, en dernière instance, vers le dépassement de la douleur et de la souffrance.
[1] Silo, La religiosité dans le monde actuel, in Propos, Recueil d’opinions, de commentaires et de conférences, Éditions Références, Paris, 1999, page 111. Présentation de la conférence de Silo effectuée par le Dr. Noémie Otero à la Maison Suisse, Buenos Aires, 6 juin 1986.
[2] Ibid., p. 103, A propos de l’Humain. Dans ce travail, Silo établit des distinctions entre la compréhension du phénomène humain en général, et l’expérience personnelle de l’humanité des autres. Buenos Aires, 1er mai 1983.