Salvatore Puledda. Interprétations de l’humanisme.
L’interprétation du christianisme d’un point de vue humaniste, qui prend forme au cours de la première moitié de ce siècle, fait partie de ce vaste processus de révision des doctrines chrétiennes qui a débuté au siècle dernier et qui est du reste encore en cours. L’objectif de cette révision est d’adapter ces doctrines au monde moderne, à l’égard duquel l’Église catholique a conservé pendant des siècles, à partir de la contre-réforme, une position de refus méprisant ou de nette condamnation.
À partir de la Renaissance, l’autorité spirituelle de l’Église, qui avait été pendant un millénaire en Occident le dépositaire de la vision chrétienne, a subi un déclin de plus en plus marqué, dans un crescendo d’événements formidables : tout d’abord, la culture de l’humanisme a renversé l’image de l’homme, de la nature et de l’histoire que le christianisme médiéval avait construite ; puis, la Réforme protestante a coupé en deux l’Europe chrétienne ; au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle, les philosophies rationalistes, qui s’étaient répandues dans les classes cultivées, ont remis en question l’essence même du christianisme. Au XIXe siècle, les idéologies libérales ou socialistes à base scientifique, qui se sont développées au moment de la révolution industrielle, ont conquis ce rôle de guide dans l’organisation de la société et dans la définition de ses fins et de ses idéaux, place qui était auparavant l’apanage de la religion, laissant à celle-ci un rôle de plus en plus marginal. Enfin, au XXe siècle, la diffusion rapide de l’athéisme, y compris parmi les classes populaires, et sa transformation en un phénomène de masse, a remis en question la survie même de l’Église en tant qu’institution.