Salvatore Puledda. Interprétations de l’humanisme.
Au début des années quatre-vingt, la plus grande confusion régnait entre les différents courants humanistes. L’existentialisme sartrien n’était pas arrivé à produire de courant politique capable de mobiliser en profondeur les milieux intellectuels ; il avait provoqué tout au plus un intérêt philosophique et littéraire. Après avoir nié toute valeur aux formes connues d’humanisme, Heidegger, qui les avait toutes ramenées au niveau d’expressions métaphysiques, invitait au silence et à la préparation de la « nouvelle aube de l’être ». L’humanisme théocentrique, de son côté, se débattait entre des poussées contradictoires, en raison des ambiguïtés et des paradoxes de ses formulations, selon lesquelles on appelle « humanisme » une doctrine au centre de laquelle se trouve Dieu et non l’homme, la liberté humaine est située à l’intérieur d’une interprétation intellectuelle et dogmatique du divin, et l’engagement social reste subordonné à l’approbation d’une structure hiérarchique et autoritaire comme celle de l’Église. Rappelons aussi la tentative que fit W. Luypen pour présenter la phénoménologie comme un humanisme, même s’il fut tout de suite évident que l’intérêt d’une telle opération était plutôt d’ouvrir de nouveaux horizons à l’humanisme chrétien[1]. Quoi qu’il en soit, des tentatives de ce type ne durèrent guère et s’épuisèrent avant les années quatre-vingt. Enfin, après quelques tentatives pour opérer une distinction entre « humanisme bourgeois » et « humanisme prolétarien », les bureaucrates qui dirigeaient le Parti communiste français et de nombreux autres partis finirent par adopter la position soutenue par Althusser.
[1] W. Luypen, De Fenomenologie is een Humanisme, Amsterdam, 1966.