Salvatore Puledda. Interprétations de l’humanisme.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le panorama culturel français est dominé par la personnalité de Jean-Paul Sartre et par le courant de pensée, l’existentialisme, qu’il a contribué à diffuser par son œuvre de philosophe et d’écrivain, et par son engagement politico-culturel.
La formation philosophique de Sartre est surtout marquée par l’influence de l’école phénoménologique : boursier en Allemagne pendant les années 1933-1934, Sartre entre en contact direct avec la pensée d’Husserl et d’Heidegger. C’est précisément dans la phénoménologie et dans la méthode d’enquête qui lui est associée qu’il trouve les moyens de dépasser la philosophie académique française de l’époque, empreinte de spiritualisme et d’idéalisme et qu’il rejette fermement.
La recherche de Sartre part du domaine de la psychologie. Son ambition de jeunesse est même de révolutionner les fondements de cette science. Sartre est en effet profondément insatisfait par la psychologie moderne, avec sa base positiviste et sa prétention de traiter les phénomènes psychiques de la même manière que les phénomènes naturels, en les isolant et en les séparant de la conscience qui les a constitués. Pour Sartre, qui fait sienne la position d’Husserl, la conscience n’est pas un simple réceptacle de « faits » psychiques, ou une sorte de miroir qui reflète passivement ou déforme la réalité extérieure : elle est fondamentalement intentionnelle, active, elle possède ses propres manières de structurer les données sensibles et de constituer des « réalités » qui, bien que dépendantes de celles-ci, possèdent des caractéristiques propres et spécifiques.